samedi 8 janvier 2011

Jim Goldberg : Rich & Poor

 


Je vais commencer par vous raconter ma vie puisqu'il parait que c'est ce qui intéresse les lecteurs de blogs. Rich & Poor est depuis des années sur ma liste des livres hautement convoités. Moe's me l'a gentiment posté en échange de quelques chiffres pianotés sur Paypal. Vous allez bien sûr me demander qui est ce Moe's ? Moe's est une librairie mythique de Berkeley, juste en face de San Francisco, qui fut un véritable repère de beatniks dans les 60's. Il y a quelques années je suis allé à San Francisco avec en tête une idée fixe, ne rentrer à Paris qu'à  la seule condition d'avoir mis la main sur un exemplaire de Conversation With The Dead de Danny Lyon. Et devinez quoi ?... Ouais, gagné ! Le rayon livres de photos de Moe's se résumait à quelques petites étagères mais il était bien là.

Revenons à Rich & Poor, premier livre de Jim Goldberg malheureusement éclipsé par le suivant, le mythique Raised by Wolves.

Les idées les plus simples simples sont parfois les meilleures. Jim Goldberg a commencé par photographier en 1977 des familles pauvres logeant dans des hôtels. Il  a ensuite demandé à ses sujets de raconter leur histoire puis d'écrire à la main sur leur photo ce qu'ils pensaient de leurs images. Lucide, le photographe s'est rendu compte que le résultat était un poil trop complaisant dans le genre "The American Dream : Poverty, Sadness & Pain"

Pour ajuster son point de vue, il a donc décidé de s'inviter chez les riches. Tout d'abord évidemment rempli de préjugés négatifs, Jim Goldberg a petit à petit dépassé ses a priori pour entrer en empathie avec ses nouveaux sujets.

Le plus étonnant dans ce jeu des contrastes est que le sentiment de solitude est paradoxalement bien plus prégnant chez les riches que chez les pauvres. Le fait que Jim Goldberg a, consciemment ou inconsciemment, cadré plus serré ces derniers n'y est évidemment pas pour rien. Les petits malins me diront que c'est normal puisqu'il disposait de moins de recul dans ces chambres d'hôtels pourries.

Jim Goldberg : Rich & Poor (Random House, 1985)

mercredi 5 janvier 2011

Kōji Wakamatsu : Les Anges Violés / Okasareta Hakui (1967)


 
 
 
 
 
 

Les Anges Violés contient les dix dernières minutes de cinéma les plus belles du monde.

Le film est adapté d'un fait divers ayant eu lieu à l'époque à Chicago où un homme tua plusieurs nurses dans un dortoir d'infirmières. Wakamatsu dans les dernières minutes du film transforme le bourreau froid et sanguinaire en une victime, la victime d'une société japonaise coercitive n'engendrant que de la frustration, qui trouve enfin la paix dans le regard de la dernière infirmière survivante.

Cette séquence de rédemption, à la fois onirique, mélancolique et nihiliste, vient clore le film avec émotion et poésie, avant d'être brutalement interrompue par l'arrivée de la police. La musique de Koji Takamura qui illustre cette scène est  tout simplement sublime, à tel point que je me suis pris la tête à l' isoler pour vous depuis le DVD.



Dans les derniers secondes du film, Wakamatsu replonge brutalement son film dans la réalité en usant, assez génialement, d'images d'archives et d'extraits sonores de journaux décuplant, en seulement quelques plans, sa virulente charge politique.
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