jeudi 29 décembre 2011

2011, c'est mon choix (suite et fin)

"Ton année 2011 en 1 disque, 1 livre ou 1 film et le pourquoi de ce choix en quelques mots ?"

Je n'en voulais qu'un seul parmi les trois, c'est pas faute d'avoir insisté, mais ils n'en ont fait qu'à leur tête, à l'avenir il faudra que je me montre bien plus ferme, j'en suis incapable, bref... merci encore à tous d'avoir joué le jeu, selon vos propres règles.

Voici les réponses :


"Wenzel"



  • 1 label : Blackest Ever Black


"Parce qu'en 2011, j'ai couru après les disques de ce label comme si j'étais encore en 1991, que j'y écoute les deux groupes les plus importants à mon sens des années à venir, Raime et Tropic of Cancer (en gros, les Autechre et My Bloody Valentine des 20 prochaines années) et que voir Tropic of Cancer sur scène deux soirs de suite m'a littéralement retourné, changé, remis en selle aussi. Ce label sort des vinyles, a un blog génial, et tout cela raconte aussi une histoire cohérente - c'est du storytelling en plus d'être de la musique (et pour cela, on peut aussi regarder du côté de Leyland Kirby et Jürgen Müller, qui ont su en 2011 raconter des histoires en se réappropriant le passé) et ça le rend à la fois essentiel, sympathique, contemporain (et légèrement goth, mais ça c'est une autre affaire). Dans le même genre, j'aurais pu aussi bien citer la série de vinyles collaboratifs Frkws du label RVNG - une autre manière de faire de la musique en 2011/2012, en associant les genres, les gens et en faisant de beaux disques, qui se regardent, s'écoutent, se laissent désirer, longtemps."



Sebastian Arthur Hau (de la librairie du Bal)

  • 2 films :
- Made in Britain, Alan Clarke



"Recommended by Olivier Cablat this is by far the most uncompromising film I've seen this year. Tim Roth plays the young man with fervor and justice, fever and tenderness. The words he uses in his shout for freedom and his arguments may be wrong, but he does make us suffer with him."

-The Exiles, Kent MacKenzie




"It's hard to distinguish in this film between cinema verité and documentary. Based on transcripts that were made with the main characters, a group of native american indians living in Los Angeles a story happening in 12 hours is told. But the main protagonist are the streets of Bunker Hill, a now extinct part of the City, which the film transcribes into the most interesting scenes."

  • 1 livre : Juvenile, Osamu Wataya (Rathole Gallery, 2010)


"The young ukrainians portrayed display all the proudness of young gods undisturbed by guilt. As if these were images from the Lords of the Flies, before the downfall. All the images in the book seem to have been taken in the course of one or two days, alongside a river in summer, but then Wataya (who was the director of Hysteric Glamour and is now director of Rathole) is a far too great editor to let us look into his secret."



Alex Terror  (de Blog of Terror) :

  •  1 film : Dharma Guns, F.J. Ossang



"Meta-fiction contemplative et ludique ou Cocteau sous amphèt' remakant La 4ème Dimension."


Odot Lamm (de Chronic'art et d'ailleurs):
  • 1 livre : Estonia: A Ramble Through the Periphery, Alexander Theroux (Fantagraphics Books, 2011)



"Alexander Theroux est l'un de mes auteurs préférés, toutes littératures, tous pays, toutes époques confondues. Sorte de croisement inouï entre les grands érudits britanniques (Burton, Browne), les pré-modernistes truculents (Ronald Firbank, Baron Corvo), ses collègues de chaire postmodernistes (Guy Davenport, Gass et Pynchon) et bien sûr Borgès et Melville, il illustre exactement ce que Barthes entendait, je crois, par "paradis lisible". C'est le maximaliste ultime, un collectionneur insatiable de mots rares qui concentre et emmêle tous les paradoxes de la modernité et de la postmodernité dans une oeuvre qui fait mine de ne regarder que vers le passé. Un certain Proust a bien sûr tissé quelque chose de similaire avec cette singularité. Proustophile obsessionnel, érudit de la Bible du roi Jacques (il fut séminariste dans sa jeunesse), Alexander Theroux a écrit plusieurs grands livres qui "épuisent les superlatifs" dont au moins un chef d'oeuvre historique et incontestable, Darconville's Cat en 1981. Mais l'histoire de la littérature a ses voies inexplicables, et ses petits frères Paul et Peter, pourtant auteurs de livres médiocres, se trouvent bien plus facilement en librairie que lui: Darconville's Cat n'a jamais été republié, et l'immense, monstrueux Laura Warholic, "le Moby Dick de la misanthropie" (http://www.fricfracclub.com/spip/spip.php?article343) a été publié en dernier recours par Fantagraphics, éditeur bien connus de comics alternatifs.  Estonia, que publie également Fantagraphics, n'est pas un roman; c'est un livre de voyages, dans la lignée évidente du Voyage Sentimental de Sterne. L'Estonie est moins son sujet que son prétexte, ou la flamme qui a embrasé sa mèche: Theroux s'est trouvé habiter dans le petit état balte en y suivant sa femme, récipiendaire "bienheureuse" d'une bourse Fulbright, et écrit au moins autant sur le pays, sa culture et ses habitants que sur lui-même. "I daresay my Estonia is as much about me and my crochets as it is about anything else". Point d'entrée magique précisée dans le tout dernier chapitre, l'Estonie est un pays très essentiellement "elliptique" et c'est en soulevant autant de pierres qu'il a pu trouver que Theroux a opéré son paradoxal détour en lui-même. Au premier plan, donc, Estonia est une petite encyclopédie démente et immensément détaillée sur le petit pays, pleine de faits, de légendes et de funny facts sur son histoire, sa langue, ses moeurs, sa nourriture, ses bars, ses habitants, ses expats, ses bars et ses librairies; au deuxième, les tours d'esprit si singuliers de Theroux (avalanches de citations plus ou moins incongrues, d'élucubrations, digressions et songeries tumorales), déforment bien sûr les faits compilés dans des proportions endémiques jusqu'à submerger le sujet sous la focale et faire ployer la colonne vertébrale du livre. Le sous-titre, "A Ramble Through The Periphery", évoque autant les circonvolutions de Theroux dans ce petit état de la marge que dans le monde de sa littérature. C'est le livre le plus drôle et le plus intelligent que j'ai lu en 2011. C'est un modèle absolu de littérature, hardi jusqu'à la démence, dont l'audace est une revendication, une protestation, un manifeste de tous les instants. Je recopie pour finir ces propos de l'auteur, extraits d'un entretien avec Steven Moore dans les années 80, parce qu'ils disent mieux que je ne pourrais le faire le genre de modèle dont on parle : ‎I put the writers of bumphable, ready-to-wear prose, calculated to sell, guaranteed not to shock, in the same category as artists who can't draw. There is a lack of bravery and a lot of fraud in them. I have never tried to write a book that didn't attempt something new in the way of narrative technique. Writing is an assault on cliché."



Laurence Vecten (de One year of books) :

  • 1 disque : Apocalypse, Bill Callahan (Drag City, 2011)



"Même si ça n'est pas mon album préféré de Bill Callahan, Smog inclus, c'est celui que j'ai le plus écouté cette année. De toute façon dans mon iphone il n'y pas grand chose d'autre."


"Avant cette année, je n'avais pas remarqué la puissance photogénique des tuyaux d'arrosage. Pas aussi puissant que la neige, mais quand même."



Andy Vérol :

  • 1 livre : Le Prince du Coeur, Jean-Louis Costes (Les Requins Marteaux, 2010)


"Quand le Pasolini des basses fosses se lance dans la littérature, ça donne du costaud. Quand il se lance dans la BD, c'est juste la chose la plus pudique, trash et émouvante qui soit. Le bonhomme m'a plié avec ce petit livre coloré livré par des Requins Marteaux qui ont besoin qu'on soutienne leurs choix courageux, à l'heure du mièvre, du sexuellement correct et de la sensiblerie nauséeuse qui euthanasie un pays moridond. Je prédis que Costes restera dans les mémoires, à l'instar des pyramides égyptiennes, des gladiateurs et des tribus cannibales..."

  • 1 track : Mouthful, DJ Zinc (Bingo Beats, 2010)


"J'avais une tête des années 70 dans les années 90. J'ai maintenant une tête des années 90... Dj Zinc, c'est un peu ça. De la zic électro de 1996 en 2011, de la tek où on dit plutôt Boloss, Smoothie, 2.0, c'est dare, plutôt que c'est cool, meuf, bring the noise ou synthé, mais c'est pourtant la même chose, ça pulse les rouflaquettes, ça dandine la croupe et ça fleure bon la boudine de pucelle... Bref Dj Zinc, c'est du Dancefloor nerveux intergénérationnel !"

  • 1 film : Little Odessa, James Gray


"Je reconduis mon choix filmeux comme chaque année avec du Tim Roth de haut vol, une réalisation qui tordrait n'importe quelle brute au point d'en faire une chochotte chialeuse... Dans ce film, tout y est. Il résume à lui seul un quart de siècle de chute occidentale."



Guy Mercier (de Bruit Direct et Le R*ck est m*rt)

  • 1 disque : Glands of External Secretion, Reverse Atheism (Bufms, 2011)

 

"Quand j’ai reçu l’invitation à écrire ce truc j’ai tout de suite pensé à ce disque, je l’avais reçu 2 semaines auparavant et je n’écoutais plus que ça et puis après j’ai reçu le maxi Four Corners de Devin Gary & Ross et je me suis dit wow trop bien ce disque, ensuite voilà le nouveau Graham Lambkin  Amateur Doubles qu’il me faudra plusieurs années à comprendre pourquoi il me plait et là aujourd’hui j’ai reçu le nouveau Pheromoans Darby Joan and Fosters et wow ça c’est aussi du 2011, hein ? sans parler de mes propres disques (la ligne claire, atelier méditerranée) mais ils sont sortis il y a plus de 15 jours, c'est vrai"

  • 1 film : Die Fälschung, Volker Schlondorff


"A une époque je m’identifiais très fort à Bruno Ganz quand j’arrivais en RER A à la Défense et que je prenais l’escalator. Puis il y a eu beaucoup trop de monde et puis j’étais tous les jours à La Défense, tous les jours en RER A. Maintenant, le monde entier s’est identifié au journalisme présenté par ce faussaire, c'est un autre film, qui écrit ses articles dans le meilleur hôtel de la ville en discutant avec ses collègues. Là où se trouve la nouveauté c’est que nous aussi on est planqués ailleurs et on ne lit plus le journalisme que comme une fiction propagandiste. Nous sommes séparés de tout et de tous. Sinon je suis sûr que quand je verrais le Bruno Dumont ce sera le film de 2011. Probablement en 2012, maintenant.."

  •  1 livre : The Punisher #3, Rucka, Checchetto & Hollingsworth  (Marvel, 2011)


"Non, en fait la série The Punisher est sans intérêt et je me suis arrété au numéro 3, non c'est beaucoup moins bien que par exemple Frankenstein, agent of s.h.a.d.e. (DC), mais dans ce numéro il y a une petite histoire intitulée Periphery écrite par Kevin Smith et dessins de John Romita Jr., une histoire sans paroles que j’ai bien lu 3 ou 4 fois de suite tellement c’était beau, simple, naïf. Je vous raconte l’histoire, famille américaine lambda ils vivent dans la banlieue de New-York, se lèvent tous en même temps et vaquent à leur affaires et s’engueulent parce qu’ils sont préssés et c’est la vie, ils vont à l’école au bureau et puis tac il y a le WTC qui est en feu et toute la famille panique car le père travaille là et ils rentrent à la maison dans l'angoisse et puis le père arrive, il est pas mort alors ils s’embrassent tous devant la télé du WTC en flammes. Ou alors ce texte de Julien Coupat dans le Monde. C’est de 2009 ? oh, je ne lis plus que des Comics."



Kira Perov :
  • 3 livres :
- Exploration, Yuichi Yokoyama (Editions Matière, 2011)


"Hallucinant, psychédélique, expérimental, Hypnagogique, Andrei Tarkovski, onomatopée. Petit conseil de lecture : à déguster avec un bon Cabernet cuvée Expo '70."

- Sublife #1 & 2, John Pham (Editions Cambourakis, 2009/2011)



"Banalité, science-fiction, simplicité, détail, Chris Ware, couverture sublime. Petit conseil de lecture : à lire en silence par temps de pluie.

- Le livre de l'intranquilité, Fernando Pessoa (Christian Bourgeois Editeur, 2011)


"Textes épars, journal intime, philosophie, 'art de vivre', solitude. Petit conseil de lecture : aucun."

  • 1 film : Habemus Papam de Nanni Moretti


"Justesse, humour, religion, psychologie, Nanni Moretti, Michel Piccoli."

  • 1 disque : Replica, Oneohtrix Point Never (Mexican Summer, 2011)



"Minimalisme/Pop, rétro-futurisme, Gyro Gearloose, atmosphères, loops, recherche sonore & rythmique, Juno, rugosité. Petit conseil d'écoute : en plein midi d'hiver, seul, nu et au bord de la mer."



Francky 01 (de musicketcultures) :

  • 1 disque :  Happy Soup, Baxter Dury (EMI, 2011)



"Pourquoi ce choix ? Parce que :

  1. La discographie de Baxter Dury est parfaite, 3 albums – 3 chef d’œuvres.

  2. Il est de retour au top après 6 ans d’absence et d’errance sans label.

  3. Parce que Happy Soup est LE  disque Pop de l’année et celui que j’ai le plus écouté."

  • 1 bd : Aâma, Frederik Peeters (Gallimard, 2011)



"Pourquoi ce choix ? Parce que :
  1. Frederik Peeters est un des meilleurs auteurs contemporains de bande dessinée.

  2. Aâma est le début d’une nouvelle saga qui s’annonce palpitante et originale.

  3. Son dessin, ses couleurs, sa mise en scène ainsi que ces histoires sont toujours exceptionnels."


  • 1 film : Poupoupidou, Gérald Hustache-Mathieu


"Pourquoi ce choix ? Parce que :
  1. Cette neige, ce bled paumé et ces habitants rappellent un Fargo, made in France.

  2. Poupoupidou commence comme un film de genre (polar) pour, petit à petit partir « ailleurs » en entrainant avec lui le spectateur, vers une espèce de polar atmosphérique.

  3. Parce que Sophie Quinton est sublime, Laura Palmer en terres jurassiennes"

samedi 24 décembre 2011

2011, c'est mon choix (1ère partie)

"Ton année 2011 en 1 disque, 1 livre ou 1 film et le pourquoi de ce choix en quelques mots ?" La question était simple (à la base, l'idée était 1 seul parmi les 3 mais bon !), je l'ai posée à quelques personnes dont je partage certaines affinités.

Voici une première partie des réponses :

Frédéric Fleury :
 

"Parce que j'ai enfin réussi à m’intéresser à un projet musical de Christopher Forgues, Kites étant trop noise pour moi"

  • 1 livre : Prison Pit 3, Johnny Ryan (Fantagraphics Books, 2011)
 


"Parce que j'ai trouvé ce bouquin inventif, bien découpé et rythmé, violent et jouissif. Une fois terminé j'avais envie de le relire, de regarder les dessins à nouveau, ce qui ne m'arrive plus jamais en bandes dessinées."

  • 1 film : Tucker & Dale fightent le mal, Eli Craig
 

"Parce que j'ai ri."



Guillaume Sorge ( de D.I.R.T.Y., Alainfinkielkrautrock, ten songs that saved your life, 12Mail) :

  • 1 disque : Video Games / Blue Jeans, Lana Del Rey (Universal, 2011)
 


"Il y en a tellement mais je dirai Lana Del Rey parce que ça fait chier ton (notre) lectorat et parce que j'ai envie de protéger cette fille."

  • 1 film : Figures In Landscape, Joseph Losey
 


"(Je déteste aller au cinéma donc je suis pas vraiment ce qui sort en salle) : le scénario tient sur un feuille OCB mais on ne s'ennuie pas une seconde tant ce film est masgistralement joué, monté, dirigé. (ce qui n'est pas forcément le cas de Drive ou Shame que j'ai pu voir la semaine dernière)."

  • 2 livres : Au Coeur des Ténèbres, Joseph Conrad et Kaputt, Malaparte
 


"Parce que les livres brillamment écrits avec une histoire ça change de l'autofiction (des livres souvent mal écrits où il ne se passe rien)."



Oscillate Wildly (de The Teenage Kicks Preservation Society) :

  • 1 chanson :  Kaputt, Destroyer (Merge Records, 2011)


"2011: Ich bin, Du bist ... Wir Sind Kaputt !"



Rémi Coignet (du blog Des livres et des photos) :

  •  1 livre : The Significant Savages, Grégoire Pujade-Lauraine (RVB Books, 2011)
 


"Parce qu’il apporte quelque chose au genre du livre de photos trouvées et interroge notre vision de nous-mêmes et notre relation aux réseaux sociaux."

  • 1 disque : The English Riviera, Metronomy (Because Music, 2011)


"Parce que ce disque a été la bande-son de mon printemps."

  • 1 Film : À la Une du New York Times, Andrew Rossi
 


"Parce qu’il est toujours passionnant de plonger dans la machine médiatique."



L'Éditeur Singulier :

  • 1 livre : 121 curriculum vitae pour un tombeau, Pierre Lamalattie (L'Éditeur, 2011)
 

"Les premières phrases donnent le ton : J’ai 54 ans. J’ai connu moins de femmes qu’un animateur du Club Med. J’ai gagné moins d’argent que mon voisin orthodontiste. Je suis moins sportif que ma belle-sœur. J’habite toujours à 500 mètres de chez ma mère. Et, bien sûr, je n’ai vécu aucune aventure de l’extrême. Je suis un type inoffensif, une sorte de raté irrémissible. Jusque-là, Pierre Lamalattie était peintre. Avec ce petit pavé de 450 pages aux faux-airs houellebecquiens, un premier roman surgi de nulle part, il est aussi écrivain. Un écrivain drôle et intelligent, sensible, profond et, surtout, foncièrement atypique. Bref, une denrée suffisamment rare pour qu'on ait envie de s'enthousiasmer."



Maximilien Oedipe Purple :

  • 1 disque : Passed Me By /We Stay Together, Andy Stott (Modern Love, 2011)
 

"Un disque pour résumer l'année: peut-être la version cd des deux disques de Andy Stott. Sa musique sonne comme un malaise urbain délicieux. La vision parfaite de la techno de la fin du monde."

    •   1 livre : Blackbird, Pierre Maurel (L'Employé du Moi, 2011)
     

    "Pour cette célébration du fanzinat et de la liberté version ligne claire."



    Jeff (de Journal Ultime) :

    • 1 disque:  Looping State Of Mind, The Field
     



    "Parce qu'il porte bien son nom..."


    • 1 film: Drive, Nicolas Winding Refn
     

    "Pour le scorpion dans le dos..."

    •  1 livre : 39 ans 1/2 pour tous, Philippe Dumez



    "Pour les 510 je me souviens..."



    Fred (d'electric skies) :

    • 1 disque : Surface Of The Earth, Surface Of The Earth (Utech, 2011)
     

    "Pour être tout à fait honnête, je me suis tenu à l'écart du genre drone pendant presque deux années, par lassitude, parce que j'estimais que celui-ci se trouvait dans une impasse. Je ne l'entends plus de cette oreille-là mais en est-il sorti pour autant ? Peut-être qu'une poignée d'artistes sont venus apporter un souffle nouveau ou bien c'est la distance prise qui a fini par m'en convaincre. Peu importe, cette musique me fascine depuis trop longtemps pour que j'abandonne aussi facilement. Le disque de Surface Of The Earth a recadré les choses - il a également participé à prolonger mon plaisir retrouvé à travers le boucan de Matthew Bower qui a publié cette année un fabuleux album de Skullflower (Fucked On A Pile Of Corpses).
    Edité sur cassette en 1995 puis en format CD deux ans plus tard - à chaque fois dans la plus grande indifférence - , c'est à Utech que l'on doit l'initiative de cette réédition (limitée à 500 exemplaires) du premier LP de ce groupe en provenance de Nouvelle-Zélande, patrie de The Dead C - formation avec laquelle Surface Of The Earth partage plus que des repères géographiques. D'une certaine manière, la musique de ce trio anticipe tout un pan des genres drone et noise (on pense notamment à Wolf Eyes) tels qu'ils se sont trouvés revigorés dans les années 2000 et préfigure à bien des égards la scène doom/métal gravitant autour de Stephen O'Malley et de son label Southern Lord. Débarrassé des oripeaux
    esthétiques (et surtout vestimentaires), de la pose encombrante et des riffs souvent trop lourds qui ornementent cette dernière, SOTE est comparable à Nurse With Wound qui, comme lui, a une fâcheuse tendance à éclairer ses compositions à l'aide d'un soleil bien noir. Au passage, on se demande toujours par quel miracle ces musiciens parviennent à illuminer les ténèbres avec des plages aussi sépulcrales... Chez SOTE, il y a surtout ces guitares traitées où l'intervention humaine sert un vocable ardent plutôt que d'instituer de vaines prouesses stylistiques. Soutenu par un amas de couches insidieuses aux multiples
    provenances, SOTE ne garde de l'électricité que la sensualité basse tension, tandis que la mélancolie et la distorsion maladives qui en suintent favorisent un trip mental, urbain, sombre et oppressant. Accessoirement, je suis convaincu que la musique atmosphérique et noisy réalisée par ces gens-là dévoile un insondable mystère tantrique et reste étroitement liée avec ce que l'on appelle le rayonnement fossile (fond diffus cosmologique), sa trace sonore, ce type de théories et phénomènes..."

    • 1 film : The Tree Of Life, Terrence Malick
     

    "J'aurais tout aussi bien pu évoquer deux autres films magnifiques sortis cette année (Le Cheval de Turin ou Love Exposure - film découvert ici-même) mais au final, ce sont les images de T. Malick qui sont les plus vivaces dans mon esprit, les mieux implantées dans ma mémoire. Malgré une fin boursouflée -quoique celle-ci ne fait que mettre en relief la hauteur vertigineuse à laquelle le reste du film se déploie - , The Tree Of Life contient à peu près tout ce que j'attends du cinéma (d')aujourd'hui mais que je trouve très rarement. A l'origine, il partait avec un sérieux handicap, ou tout du moins un beau challenge à relever : parvenir à me faire supporter un film avec Sean Penn. Autant dire qu'il s'en affranchit sans mal. The Tree Of Life c'est l'abstraction visuelle et narrative investie par la grâce - la complexité dans l'enchainement/l'enchâssement des plans et les digressions temporelles tendent vers la fluidité la plus évidente. Bien entendu, le film contient une grande part de mysticisme à travers ses divers thèmes (les souvenirs d'enfance,l'expérience initiatique, la quête du pardon) mais ils confinent le plus souvent à la rêverie pure. En connectant le drame intime à la dimension cosmique, Malick s'impose comme une sorte de cinéaste de l'immaculé."



    Clément Kauter (de la librairie Plac'art) :
     

    "A l'heure où l'auto édition est de plus en plus présente sur le marché, je tiens à saluer cette réalisation qui n'a rien à envier aux plus grands éditeurs. C'est un livre très dynamique et graphiquement très fort, à l'image de la ville. Le choix du papier mat et de l'impression renforce cette cadence rythmée."

    à suivre...

    (merci pour vos réponses)

    lundi 19 décembre 2011

    La Solution Fondamentale, une mixtape pour Joseph Ghosn


    Il y a quelques jours, Joseph Ghosn m'a demandé si ça me disait de faire une mixtape pour son blog, je n'ai évidemment pas résisté à son invitation. Il m'a suggéré 2 pistes, Sandwell District et 2011, tout en me disant de me sentir libre. Discipliné (les mauvaises langues liront "disciple inné" !), j'ai respecté ses desiderata tout en étant free as a bird, vous baladant de Pete Swanson à Annie Girardot, du footwork au cantique, le  tout garanti sans aucun extrait de Not Not Fun mais avec des déchets de Kira Perov ! Des 4 ou 5 mixtapes que je vous ai concoctées cette année, c'est sûrement ma préférée.

    Enjoy !

    mardi 15 novembre 2011

    Enrique Metinides : Series


    Crash Aérien, Feu, La Malle Noire, Le Métro Tueur, Le Suicide du Torero, Le Cercueil et Explosion, voilà les titres des séries dont sont issues ces photos de Enrique Metinides, le Weegee mexicain. Un homme qui dès son plus jeune âge, à 10 ans, a commencé à prendre en photo des cadavres a forcément toute mon estime.

    Influencé par le cinéma, plus particulièrement par les polars de années 50, Metinides a développé son sens inné du cadrage en  photographiant les toiles de cinémas pour fixer ses scènes favorites. Du coup, le coté -SYB- a conçu une mise en page très cinématographique pour ce SeriesLe choc des photos est donc accentué par l'ambiguïté de cette réalité crue traitée comme une fiction, ce qui est évidemment l'une des forces du travail de Metinides. Par ailleurs, son regard toujours empathique sur les victimes qu'il photographie et sa faculté à plonger au coeur des drames font qu'il est difficile de qualifier Metinides de voyeur.


    Enrique Metinides : Series (Kominek Books, 2011)

    vendredi 30 septembre 2011

    Protest Box / Kazuo Kitai : Sanrizuka

     
     
     
     

    A la fin des années 60, Sanrizuka est un petit village d'une région agricole condamné à être rasé pour que l'aéroport de Narita, déservant Tokyo, puisse être construit. Jusqu'a son ouverture en 1978, les villageois, rejoints par des militants et des étudiants, vont protester violemment contre ce projet.

    Kitai Kazuo rend compte de ce combat dans ce livre publié en 1971, en s'intéressant davantage au moment de pause qu'au conflit lui-même.  Cette lutte donnera naissance à plusieurs livres de photo tout au long des années 70. Si Kitai Kazuo use d'un style violent et sale caractéristique des photographes de Provoke - image hyper contrastée, grain énorme, goût pour l'abstraction -  il n'a pourtant jamais fait parti de ce groupe réunissant Daido Moriyama, Takuma Nakahira et Nobuyoshi Araki, pour ne citer que les plus célèbres. Il a néanmoins été une influence revendiquée par les 2 premiers, grands admirateurs de son Resistance (disponible pour 3500€ !), qui documentait les manifs étudiantes anti-guerre et anti-US du début des 60's, publié en 1965, soit 3 ans avant le premier volume de Provoke.

    Kitai Kazuo : Sanrizuka (2011, Steidl)

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